| Dix-sept d�j�. Dix-sept ans au cours desquels il avait tout connu.
Les paquets de carte qui n'attendent qu'une occasion de se m�langer
et qu'il faut ensuite passer des heures � reclasser.
La froideur inhumaine des salles blanches avec leur �clairage de
bloc op�ratoire.
Les listings en continu et les imprimantes crachant leurs kilom�tres
de formulaires, avec le bruit assourdissant des marteaux ou des chaines.
Les nuits pass�es � �plucher des lignes de codes a la recherche du bug
qui produisait 5 centimes d'erreur sur des r�sultats se chiffrant en
milliards.
Puis les collegues, de plus en plus jeunes, de plus en plus arrogants,
lui expliquant d'un air m�prisant les bienfait de la programmation
structuree, puis de la programmation modulaire, puis...
Et les utilisateurs finaux, toujours aussi peu finauds, confondant
programmes et fichiers qu'ils se pr�sentent sous forme de liste sur leur
terminaux 24 lignes ou de belles images sur l'�cran de leur PC Hyper
Mega de chez Moulinex.
Bien sur, il y croyait de moins en moins. Mais �a ne l'emp�chait pas de faire
des cauchemards, la nuit. Ou il se voyait synaptiquement branch� � des r�seaux
mondiaux, perdant peu � peu son individualit� pour devenir lui aussi un
noeud de la toile. Il se perdait parfois dans des boucles infinies, et courait
alors sans fin entre deux adresses � la vitesse de la lumi�re.
Alors, au bout de dix-sept ans, il a pris la bonne d�cision. Il a recul�
de deux m�tres par rapport � sa position habituelle. Et les mains enfin
d�connect�es du clavier, il s'est senti, pour la premi�re fois depuis
dix-sept ans, libre. loin du calculateur.
...............................................................................
Special thanks to R�my Dub� for the conclusion.
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| Re .0:
>Il a recul�
>de deux m�tres par rapport � sa position habituelle. Et les mains enfin
>d�connect�es du clavier, il s'est senti, pour la premi�re fois depuis
>dix-sept ans, libre. loin du calculateur.
>..........................................................................
>Special thanks to R�my Dub� for the conclusion.
Mais, je croyais que R�my n'eloignait les mains d'un clavier
informatique que pour les enchainer a nouveau a celui d'un piano. Ou
est la liberation? Elle sont toujours enchainees a un clavier...
(desole, j'aime beaucoup le texte en .0, mais je n'a pas pu
resister; tu ne m'en veux pas R�my?)
Denis.
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| ... Il d�sirait sortir de cette emprise des ordinateurs. Il s'�clata des
heures durant, sur son Steinway, encha�nant sonates, pr�ludes et variations.
C'est alors qu'il songea � la juste remarque du Grand-Sage-Denis : "Tes mains
sont toujours li�es � un clavier, se dit-il".
Pour lib�rer ses paluches il eut l'id�e de pratiquer des exercices pour
p�dalier seul. Sur son orgue, il p�dala, il p�dala, car notre h�ros �tait
une bonne p�dale (si, mesdames, si!). Jour et nuit il p�dalait, et quand
il ne p�dalait plus, il r�vait qu'il p�dalait, ce ma�tre es-p�dale. Et soudain
il s'arr�ta de p�daler, lorsqu'il comprit que son instrument �tait dop�
d'�lectronique et de micro-processeurs.
Afin qu'il se remette de son �pop�e p�daleresque [notez au passage la
cr�ativit� de l'auteur!], Grand-m�re lui fit chauffer un bon caf�. Car elle
savait faire un bon caf�, Grand-m�re (si, messieurs, si!). Mais la premi�re
gorg�e lui resta en travers, car il �tait devenu infecte, ce caf�, depuis
que la firme Mouxilen fourrait des micro-processeurs dans ses percolateurs.
Il se sentit gagn� par le sommeil. Pour fuir ce monde d'�lectronique, il
voulut dormir. Par chance son lit n'�tait pas asservi par ordinateur. Alors il
partit dormir et il s'endormit en sursaut; longtemps, il dormit; seul il
dormit (si, mesdemoiselles, si!). A peine son sommeil fut-il hant� de quelques
"d�charges de pile", "confitures de papier", ou "re-bottes".
Mais quand il se r�veilla, un autre cauchemar l'attendait. Un P�c�e avait
pris le pouvoir absolu de son pays, appuyant un programme totalitaire
sur le slogan confus "Fen�tre Nonante-Cinq". D�s les premi�res mesures du
dictateur, il fut d�cr�t� que toute disquette de jeux d'origine inconnue devrait
�tre d�clar�e au service de Configuration, en entr�e et en sortie.
C'est alors qu'il retourna � son piano, et il joua des marches fun�bres.
##### R�my #####
----- ps: special thanks to Denis qui m'a inspir� le d�but :-)
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| Me voila charg� d'une mission d�licate. Fallait il cr�er un topique
sp�cial pour l'occasion? Fallait il prendre les jeux de maux laids
ou bien plutot le journal d'un f�n�ant. Non finalement je crois
que cette rubrique "mythes et r�cits..." et sa premi�re nouvelle
"far from computers" est bien la plus appropri�e.
Donc David se retrouve contre son gr� loin des calculateurs.
Ne dramatisons pas! Il n'y a pas mort d'homme. Ce n'est que Digital
qui se prive d'un collaborateur. Il faut dire qu'en mettant David
au support ce n'�tait pas faire la meilleure utilisation de ses
talents. Ce job suppose une humeur egale, pas forc�ment de grands
talents mais une certaine constance et cela ce n'est pas vraiment
la force de David. Donc deux ou trois utisateurs mecontents et
un management pas trop attentif ont eu raison de lui. Cela va etre dur-
dur pour les survivants car David bossait tr�s fort et les effectifs
comme partout ne sont pas au plus hauts.
Il a donc recu sa lettre ce matin avec ordre de quitter les lieux.
Apres qu'il ait rendu son badge, on est all� manger ensemble pour
boucler la boucle. Avant de partir, il a du consoler quelques
utilisatrices en pleurs (je n'invente pas, j'ai meme les noms).
Il �tait tout d�sol� et me disait "je ne savais pas que l'on m'aimait
� ce point, elles auraient pu me le dire avant". Eh oui c'est classique,
en amour on se le dit souvent trop tard.
Bref, il cherche du boulot dans le developpement (programmation,
database...) Donc au cas o�, transmettez-moi. Je crois qu'il est
pr�t � voyager. Son r�ve serait bien s�r de joindre l'utile
� l'agr�able, par exemple une base de donn�es culturelle en Egypte,
faut bien r�ver un peu!
Jo�l
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